Pour mieux comprendre comment la mortalité et l'évaluation de la
durée de la vie
humaine s'insèrent dans le champ des connaissances au milieu du XVIIIe siècle, une des
clés pourrait être de revenir sur la façon dont la mort est représentée dans ce
corpus. Un bon point de départ pour une telle étude est l'analyse du très important
article Mort. Cet article se subdivise, entre autres, en cinq parties : Histoire naturelle
de l'homme, Critique sacré, Mythologie, Médecine et Jurisprudence. Si la partie
médicale est de loin la plus longue et la plus détaillée, la présence des autres
rubriques permet de mettre au jour les différentes approches et conceptions de la mort.
Dans un second temps, une série d'articles porte sur ce que l'on commence а nommer la
mortalité. Un des principaux objectifs de cette contribution est alors de saisir comment
s'opère le passage entre les représentations de la mort et le concept de mortalité tel
qu'il apparaît а cette époque. Comment s'articulent la vision de la mort individuelle
et les considérations sur la " mort en masse ", autrement dit les décès,
leurs causes et leur nombre, dans une population donnée ? Il s'agit enfin de voir ce
qu'il en est de l'idée de longévité dans l'Encyclopédie.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert
renferme une somme de connaissances qui fournit un bon état du savoir au milieu du XVIIIe
siècle. Un large éventail de questions touchant а la population s'y trouve traité,
parmi lesquelles celle de la durée de la vie humaine. Outre les grands articles bien
connus, tels Vie humaine, Rentes viagères, il est nécessaire d'examiner si l'évaluation
du nombre d'années que vivent les hommes est évoquée dans d'autres articles. Nous
savons en effet que les connaissances peuvent être éparpillées sous des rubriques
auxquelles on ne songerait pas a priori.