LA SOUCHE ET LE TEMPS
Alain Blum a raison, de plus
La définition du "Français de souche" que donne le lexique de la page 40 du numéro 229 de L'Histoire (J.-M. Gaillard) ne correspond à aucune des définitions changeantes qu'en a données la seule démographe utilisant le concept dans la littérature (M. Tribalat). Si est "Français de souche" un "enfant de deux parents nés en France" (p. 40), alors les enfants nés en France de parents étrangers eux-mêmes nés en France, tout comme les enfants nés en France de parents algériens nés avant 1963 sont "Français de souche" (l'Algérie était française). Or, vu l'usage qui en est fait par le Pr. Michel Winock (p. 59) lorsqu'il cite, à propos de la discrimination (2), les résultats de l'enquête sur l'immigration (MGIS, INED) de M. Tribalat, il est facile de voir l'incohérence de cette définition proposée par L'Histoire (Je rappelle aussi que de nombreux enfants d'Algériens sont, de par notre droit, Français de naissance, ce qui semble avoir été oublier vu la rédaction de certaines phrases sur les différences entre Français de naissance et les jeunes d'origine algérienne).
S'il est un sujet dont l'approche doit "se faire à l'évidence sur le mode longitudinal, c'est bien l'intégration des immigrés et de leurs enfants" (François Héran, Economie et statistique, n° 316-317, p. 71). Le contraire c'est nier l'Histoire. On peut donc s'étonner que L'Histoire, revue d'historiens, cite en référence quasi-exclusivement une recherche qui n'a rien de longitudinal et dans laquelle ne sont pas évoqués les évolutions des sentiments d'appartenance, ainsi que l'Histoire des pays d'origine des immigrés, histoire qui participe aussi à expliquer les flux migratoires et les modalités de la plus ou moins grande intégration démographique et sociale en France.
Je signale aussi que le débat des démographes français est explicitement abordé dans un paragraphe entier de la chronique de Daniel Schneidermann dans les pages Horizons-Débat du Monde du 29 janvier dernier.
JL RICHARD
3 février 1999