De: RICHARD Jean-Luc <lrichard@msh-paris.fr>
Objet: [LISTCENSUS:81]
Date : jeudi 24 décembre 1998 11:49
mercredi 23 décembre 1998, 19h34
PARIS (AP) -- Près de 62% des enfants nés en France de parents immigrés bénéficiaient tôt ou tard de la nationalité française en application de l'ancien code de la nationalité en vigueur jusqu'en 1993, selon une étude de l'INSEE publiée mercredi.
Jusqu'en 1993, trois possibilités s'offraient aux enfants d'immigrés nés en France: ``partir vers le pays de naissance du père ou de la mère, rester en France tout en refusant de devenir français ou, situation de loin la plus fréquente, rester en France et devenir français'', résume Jean-Luc Richard, auteur d'un article publié dans le dernier numéro de la revue mensuelle de l'INSEE ``Economie et Statistique''.
Sous l'ancien code de la nationalité, plus du tiers (34,7 %) des jeunes nés en France de parents immigrés quittaient la France avant leur majorité; une faible proportion (3,6 %) de ces jeunes déclinaient la nationalité française; et 61,7% devenaient Français sans formalité, avant (23,1 %) ou à leur majorité (38,6 %).
En fait, jusqu'en 1993, les seules procédures qui faisaient l'objet d'un enregistrement étaient le renoncement volontaire à la nationalité française dans l'année précédant le 18e anniversaire.
``Ces refus émanaient essentiellement de jeunes hommes qui souhaitaient se soustraire aux obligations militaires, soit pour effectuer leur service national dans le pays de naissance de leurs parents, soit pour échapper ensuite de facto à toute incorporation'', explique Jean-Luc Richard, chargé de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques et docteur en démographie économique.
L'auteur de l'étude s'intéresse également à l'exercice du droit de vote, ``indicateur du degré d'intégration de ces jeunes''. De ce point de vue, la sélection semblait s'opérer au niveau de l'inscription sur les listes électorales, ``moins systématique chez les jeunes issus de l'immigration'' que chez les autres (64% contre 81. En revanche, note Jean-Luc Richard, ceux qui étaient inscrits participaient aux scrutins présidentiels ``aussi intensément'' (à 81 %) que les enfants issus de parents français de naissance.
Enfin, au sein même des populations françaises issues de l'immigration étrangère et inscrites sur les listes électorales , les jeunes femmes se caractérisaient par une participation bien plus forte que les jeunes hommes (85% contre 77 %).