Je crois que listcensus doit demeurer une liste de discussion et d'information entre chercheurs et non servir de relais à des informations qui n'ont pas de lien avec ce forum (fin de listcensus179 par exemple). Pour le début de ce message et l'opinion de Georges GUILLE-ESCURET sur les ethnies au Kossovo, je conseille plutôt l'excellent article (une page) paru dans le quotidien suisse Le Temps, il y a quelques jours.
http://www.letemps.ch/archive/1999/04/08/opi_1.htm
On peut y lire l'histoire de l'émergence récente et instrumentalisée (depuis 1930) de certaines revendications ethniques dans les Balkans. Jean-Claude Barreau, signataire d'un appel contestable sur le Kosovo (cf. Le Monde, 31 mars et 1er avril 1999), et qui a participé une fois, par intermédiaire interposé, à notre débat sur listcensus pourrait ainsi nous exposer sa vision des choses sur ce sujet de l'ethnicité.
Les dernières semaines ont vu les débats autour de la "statistique ethnique" se poursuivre dans la presse et dans quelques publications.
Voici quelques références:
-Dans le numéro 4 de la revue d'intervention sociale Mauvais Temps, dirigée par René Mouriaux, directeur de recherche à la FNSP, le chercheur de l'IRES Jean-Marie Pernot écrit un article intitulé "Statistique sans conscience n'est que ruine". La tonalité de cet article est très proche de celle exprimée il y a quelques mois par François Héran, nouveau directeur de l'INED. Jean-Marie Pernot écrit notamment: "Parmi les opposants? Hervé Le Bras, mais aussi d'autres chercheurs comme Alain Blum ou Jean-Luc Richard, contestent que l'on puisse éviter l'arbitraire du classement tant la notion d' "origine" est floue et subjective (...) Comment prendre en compte les origines diverses des différents parents ou grands-parents ? Reconstituer des groupes d'origines paraît une vaine tentative sans contenu scientifique qui induit inévitablement des classements autoritaires au profit de démonstrations hasardeuses. La construction d'une catégorie "Français de souche" paraît aussi dangereuse que fallacieuse : les critères de classement sont fragiles et le terme résonne comme en écho à l'usage de combat qu'en a toujours fait l'extrême droite".
L'auteur conclut aussi en indiquant que de nombreuses personnes "ne partageant pas les a priori" des auteurs de l'enquête MGIS auraient souhaité avoir un accès à ces données financées sur fonds publics et relevait que des travaux rigoureux sur l'immigration et sur les enfants d'immigrés ont déjà été réalisés par de nombreux chercheurs. Il mentionne aussi que "leur utilisation ne signifie en aucun cas que l'on reconnaît une valeur scientifique au concept d'origine ethnique (et en particulier à la notion de "Français de souche", ce que font certains démographes proches du FN".
Hervé Le Bras, a publié des tribunes dans L'Humanité (15 avril 1999) et dans Le Figaro ( 29 mars ) dans cette dernière publication , lui répond Michel Massenet, auteur du premier chapitre du livre Morales et politiques de l'immigration de Dupâquier, ce dernier ayant par ailleurs été entièrement débouté en première instance dans le procès qu'il intenta à Hervé le Bras.
Sur le même sujet en Suisse, cf.
http://www.letemps.ch/archive/1999/03/06/suisse_6 (interview de Hermann-Michel Hagmann, professeur en démographie économique et sociale)
Patrick Simon et Sandrine Bertaux expriment des positions contradictoires dans Hommes et Libertés (n° 103, fév-mars 1999), revue de la Ligue des Droits de l'Homme.
L'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol (16 avril 1999) consacre aussi une page à cette question sous le titre "Recensement et censure". Cette publication regrette que le sujet (qu'elle juge primordial) de la mesure du nombre de prétendus "Français de souche" ne soit pas possible avec les données du recensement de cette année. L'article s'achève sur une réhabilitation de Carrel et sur des attaques, pour certaines "lamentables", sur quelques personnes (H. Le Bras, R. Badinter).
Je viens aussi de découvrir l'ouvrage La France aliénée, le triple crime de notre politique d'immigration et d'intégration rédigée par le président de Renaissance 95. Les travaux de Dupâquier y sont ainsi présentés:"On nous dit que la race française n'existe pas parce qu'elle n'est que le résultat d'un brassage multiple, provoqué par une immigration permanente. Le Pr. Dupaquier, membre de l'Institut, dans une remarquable Histoire de la population française montre que la "race française" est une synthèses de trois branches d'un même tronc : les autochtones occupants initiaux de notre pays, les envahisseurs celtes, puis les envahisseurs germains, tous isssus d'une même racine : les peuples indo-européens. S'ajoutent ensuite une faile minorité de Normands, population nordique elle aussi issue de la même racine"... (éditions Godefroy de Bouillon, 1996) On voit donc qu'Hervé Le Bras avait raison sur ce point évoqué dans sa tribune dans Le Nouvel Observateur qui avait déplu à Dupâquier. (De longues interventions de Paul Lambert, président de Renaissance 95 sont aussi publiées dans le livre de Dupâquier paru en 1998). Sur les démographes et Renaissance 95, cf mes messages précédents.
Enfin des articles de Denis Lacorne et de Maryse Tripier sont annoncés dans les semaines à venir dans les Cahiers de l'URMIS et dans Hommes et Migrations.
JLR